•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

AnalysePierre Poilievre n’a pas encore détaillé son menu politique

Pierre Poilievre, dans l'ombre, lors d'un point de presse.

Pierre Poilievre est chef du Parti conservateur du Canada depuis septembre 2022. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Michael Bell

Les sondages sourient aux conservateurs. Non seulement sont-ils en avance dans les intentions de vote, mais la perspective d’un gouvernement majoritaire ne semble plus hors d’atteinte. Si les troupes de Pierre Poilievre continuent leur progression, les électeurs se mettront naturellement à porter davantage attention aux propositions conservatrices.

Mais ceux qui espèrent un menu complet du chef Poilievre resteront sur leur faim. Pour l’instant en effet, celui qui a été élu à la tête du Parti conservateur en septembre dernier n’a que très peu détaillé ce qu’il compte présenter aux électeurs au prochain scrutin.

Sa stratégie a surtout été de faire connaître ce à quoi il s’oppose.

Sur le plan de l’économie, le chef conservateur critique sans relâche les déficits budgétaires qui s’accumulent depuis que les libéraux tiennent les cordons de la bourse. On ignore toutefois comment il s’y prendrait pour assainir les finances publiques.

Il a bien proposé de couper les vivres à CBC et de plafonner les dépenses, en promettant que chaque nouveau dollar dépensé serait économisé ailleurs, mais serait-ce suffisant pour éliminer le déficit de 40 milliards de dollars projeté pour l’an prochain? À part CBC, quels secteurs subiraient des compressions? Est-ce que le programme des garderie à 10 $ ou la gratuité des soins dentaires passeraient à la trappe?

Des personnes dont on ne voit pas le visage sont assises et tiennent dans leurs mains un drapeau canadien.

Selon les conservateurs, le système d'immigration devrait être davantage en lien avec les besoins en main-d'oeuvre du secteur privé.

Photo : Reuters / Mark Blinch

Autre dossier : l’immigration. En votant cette semaine en faveur d’une motion bloquiste, Pierre Poilievre s’est opposé aux objectifs de l’Initiative du siècle, qui prône notamment de porter la population canadienne à 100 millions d’habitants d’ici 2100.

Le chef conservateur n’avait toutefois pas spécialement critiqué la cible d’immigration de 500 000 nouveaux arrivants pour 2025, présentée par le gouvernement libéral en novembre dernier. Est-ce parce qu’il adhère à cet objectif? Sinon, quelle cible annuelle serait souhaitable à ses yeux?

En matière de justice criminelle, le chef conservateur plaide pour un durcissement des peines et veut que les récidivistes restent derrière les barreaux.

Mais comment naviguerait-il dans les multiples jugements de la Cour suprême du Canada qui ont invalidé les peines minimales adoptées par l’ancien gouvernement Harper? Comment financerait-il un système carcéral qui subirait davantage de pression, puisque les accusés y passeraient plus de temps? Le chef conservateur demeure également flou lorsqu’on lui demande comment il s’attaquerait aux sources de la criminalité.

Et l'environnement?

Des travailleurs sur le chantier du pipeline Trans Mountain.

Pierre Poilievre a dit vouloir augmenter la production pétrolière afin de pouvoir approvisionner les alliés de l'Europe aux prises avec une dépendance au pétrole russe.

Photo : Kinder Morgan

Le plus grand point d’interrogation demeure sa stratégie pour s’attaquer aux changements climatiques. Ce qui se dessine comme le défi du siècle n’est pratiquement jamais abordé par les troupes conservatrices.

Pierre Poilievre promet d’abolir l’une des mesures phares des libéraux – le prix sur le carbone – qui se décline, selon la province, sous forme de taxe ou de marché. Fixer un prix sur le carbone a été identifié par la Commission de l’écofiscalité du Canada comme la mesure la moins coûteuse pour s’attaquer aux émissions de gaz à effet de serre. Quelle solution de rechange propose Pierre Poilievre et quel en serait le prix? Abandonnerait-il les objectifs de réduction des GES de l’Accord de Paris?

Lorsqu’il est questionné sur le thème de l’environnement, le chef conservateur rétorque qu’il miserait sur les technologies propres pour lutter contre les changements climatiques. Mais de tels investissements existent déjà, notamment de considérables crédits d’impôt pour le captage et le stockage du carbone. Bonifierait-il ces crédits?

Pierre Poilievre ne paraît pas pressé de répondre à ces questions. Préciser sa pensée signifierait prêter flanc à la critique, alors que la perspective d'élections générales semble encore lointaine.

Stephen Harper.

Stephen Harper a été premier ministre du Canada de 2006 à 2015. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Peut-être suit-il simplement les conseils de son ancien chef Stephen Harper? Lors d’une conférence en mars dernier à Ottawa, l’ex-premier ministre conservateur avait avancé que le moment approprié pour détailler ses politiques, c’était en campagne électorale, pas avant.

Pour l’instant, Pierre Poilievre mise donc sur des slogans accrocheurs et des vidéos percutantes : une spécialité du chef dont semblent s’accommoder une bonne partie des Canadiens. En campagne électorale, quand ils auront à déterminer qui mérite le poste de premier ministre du pays, ils s’attendront sans doute à quelque chose d’un peu plus nourrissant.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.