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AnalyseComment le Parlement peut-il se sortir de l’éclipse de l’ingérence chinoise?

Justin Trudeau.

Justin Trudeau refuse de déclencher une enquête publique sur l'ingérence chinoise et de démettre de ses fonctions son rapporteur spécial, David Johnston.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Sur la colline du Parlement, à peu près personne ne pense que le problème de l’ingérence chinoise dans les affaires politiques canadiennes deviendra l'enjeu clé aux prochaines élections. Ce dossier est compliqué à vulgariser, ne touche pas directement les gens et semble loin des préoccupations de l’électorat.

Et pourtant, presque tous les jours depuis des mois, il constitue le cœur des échanges à la période de questions et le sujet de prédilection des attaques de l’opposition.

La question de la confiance du public envers le processus électoral est vitale pour la santé de la démocratie. Cependant, alors que le débat sur l’ingérence piétine, il semble de plus en plus urgent de mettre fin à l’impasse pour pouvoir parler d’autre chose.

Récemment, certains ont d’ailleurs exprimé ouvertement leur lassitude à ce sujet.

Il faut revenir aux affaires de l’État, a lancé mardi le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, en soulignant l’importance de lancer rapidement une enquête indépendante. Il faut revenir au financement de la santé, à l’environnement, au financement du pétrole, aux causes des feux de forêt. Il faut revenir aux enjeux qui touchent les Québécois et les Canadiens au jour le jour, parce qu’à l’heure actuelle, on ne parle que de ça, a-t-il dit déplorer.

Yves-François Blanchet avec Alain Therrien (à gauche à l'arrière) et René Villemure (à droite à l'arrière) lors d'un point de presse.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, accompagné de son leader parlementaire, Alain Therrien, et son porte-parole en matière d'éthique, René Villemure.

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Les relations Canada-Chine

Consulter le dossier complet

Des drapeaux du Canada et de la Chine.

Mercredi, le leader du gouvernement en Chambre, Mark Holland, semblait lui aussi impatient de tourner la page. Nous devons en arriver à un point où nous nous concentrons sur les autres problèmes qui préoccupent davantage les Canadiens : le coût de la vie, les changements climatiques et d’autres sujets, avançait-il.

Difficile de ne pas penser au coût d’opportunité découlant de toute l’attention que génère le dossier de l’ingérence étrangère. En effet, les autres sujets qui méritent l’attention des parlementaires sont légion : dérives de l'intelligence artificielle, manque de logements, changements climatiques, crise des opioïdes…

Ce serait malhonnête de prétendre que tous les travaux parlementaires sont concentrés sur l’ingérence et que rien n’est fait aux Communes au sujet de ces autres dossiers d’importance. Des projets de loi continuent d’être déposés et débattus en Chambre, et des comités se penchent sur ces questions complexes.

N’empêche, la quantité d’énergie dépensée par les différents partis pour s’affronter sur le terrain de l’ingérence leur donne moins de place.

Sortir du cul-de-sac

Au fil des semaines, les partis aux Communes ont campé sur leurs positions. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, demande une enquête publique et le départ de David Johnston, mais pas au point de brandir la menace de déchirer son alliance avec les libéraux et de possiblement défaire le gouvernement libéral minoritaire.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, et le chef bloquiste Yves-François Blanchet refusent de lire les documents secrets qui leur offriraient un portrait clair de la situation.

Et les troupes libérales font la sourde oreille aux demandes de l’opposition en gouvernant comme si elles étaient majoritaires.

La période de questions a tellement tourné à la foire d'empoigne, mercredi, que le président de la Chambre, Anthony Rota, a menacé d’y mettre fin abruptement.

David Johnston en conférence de presse devant des drapeaux canadiens.

Le rapporteur spécial sur l'ingérence étrangère, David Johnston

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

En adoptant des positions partisanes, les différents partis aux Communes ont fait aboutir le dossier de l’ingérence dans un cul-de-sac. David Johnston – qui a été désigné par Justin Trudeau justement pour s’élever au-dessus de cette partisanerie – détient l’une des clés pour sortir de cette impasse. Et paradoxalement, c’est en tirant sa révérence qu’il pourrait permettre aux partis de sortir du bourbier politique dans lequel ils se sont empêtrés.

Il y a désormais une majorité d’élus à la Chambre des communes qui souhaitent que le rapporteur spécial en matière d’ingérence étrangère passe le flambeau. Pas moins de 174 députés sur 324 ont voté mercredi en faveur de la motion néo-démocrate demandant à David Johnston de se retirer de ses fonctions de rapporteur spécial et au gouvernement libéral d’établir d’urgence une commission d’enquête publique.

Plusieurs se demandent maintenant comment David Johnston sera en mesure de rester en poste tout en étant ainsi désavoué par une majorité d’élus.

Justin Trudeau n’a envoyé aucun signal voulant qu’il le pousse vers la porte.

L’ancien gouverneur général, lui, ne semble pas avoir envie de partir de son propre chef. Au contraire, il a publié un communiqué pour signaler qu’il considérait que c’était de son devoir de poursuivre ce travail jusqu'à la fin de [son] mandat. S’il s’était incliné, il aurait permis au gouvernement de s’attaquer au dossier sur de nouvelles bases. Justin Trudeau aurait alors eu l’occasion de consulter l’ensemble des partis d’opposition pour trouver un successeur qui plaît à tous.

Sans enquête publique indépendante, toutefois, il est difficile d’imaginer que l’opposition aurait été pleinement satisfaite.

La nécessité de rétablir rapidement la confiance de l’électorat envers le processus électoral est pressante. Pour préserver la santé démocratique, il faudrait y arriver avant les prochaines élections. L’horloge tourne et, en contexte minoritaire, impossible de prédire avec certitude quand surviendra ce scrutin.

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