•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

AnalyseRemaniement à Ottawa : sacrifier le contenu pour le contenant?

Le premier ministre Justin Trudeau devant ses ministres à Ottawa.

Le premier ministre Justin Trudeau devant ses ministres à Ottawa

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Le remaniement du Cabinet de Justin Trudeau vise-t-il à répondre aux défis économiques ou à la popularité grandissante de Pierre Poilievre?

Huit ans après que Justin Trudeau eut remonté une première fois l’allée de Rideau Hall en promettant une nouvelle ère et des « voies ensoleillées », le soleil était tout aussi radieux à Ottawa. Mais l’humeur, elle, était beaucoup plus maussade.

Il y a des nuages gris partout à travers le monde en ce moment, a dit le premier ministre mercredi, mentionnant la guerre en Ukraine, le prix des aliments et la montée des régimes autoritaires parmi les menaces qui planent.

Pour chasser le marasme et prouver qu’il parvient à se renouveler, Justin Trudeau procède à un remaniement ministériel d’une ampleur qui frappe l’imaginaire : les trois quarts des ministères subissent des changements. Les temps sont durs, concède-t-il, et il est temps de mettre de l'avant l’équipe la plus forte possible, avec une nouvelle énergie et des talents variés.

En changeant de façon aussi dramatique la configuration de son cabinet, le premier ministre admet de façon implicite que son ancienne équipe a fait des erreurs. Il s'agit d'un ajustement nécessaire alors que les libéraux perdent de plus en plus du terrain au profit des conservateurs; le dernier sondage Abacus place les libéraux 10 points derrière les conservateurs. Pour les libéraux, il était urgent de renverser la vapeur.

Coup de balai

Justin Trudeau donne donc un grand coup de balai pour tenter de faire oublier les crises qui ont miné son troisième mandat. Exit les ministres qui ont mal géré les problèmes : le premier ministre dit au revoir à Marco Mendicino, qui a enchaîné les gaffes − notamment dans les dossiers du contrôle des armes à feu et du transfert du criminel Paul Bernardo − et à Omar Alghabra, qui a eu du mal à justifier le chaos dans les aéroports durant la saison des Fêtes.

Pour éviter une nouvelle crise des passeports, il crée un nouveau ministère des Services aux citoyens, qui aura comme mission de relever la barre pour rendre plus efficace l’interaction des Canadiens avec la machine gouvernementale.

Les libéraux espèrent que ces changements leur permettront de tirer un trait sur ces derniers mois, qui ont été marqués de blessures auto-infligées.

Infolettre politique

Abonnez-vous pour ne rien manquer.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre politique.

L’économie, le talon d’Achille

Cependant, d’autres nuages noirs planent au-dessus de la tête des troupes libérales. Parmi ceux-ci, il y a la perception, auprès d’une partie de l’électorat, qu’ils ne sont pas à la hauteur pour répondre aux défis économiques.

En coulisse, on s’est donc activé très fort pour tenter de dépeindre ce Cabinet renouvelé comme celui de l’économie.

Justin Trudeau a changé le visage de plusieurs ministres dont le rôle est économique : Anita Anand au Conseil du Trésor; Marie-Claude Bibeau au Revenu national; Randy Boissonnault à l’Emploi; Sean Fraser au Logement et à l’Infrastructure…

Il n’a toutefois pas jugé nécessaire de remplacer celle qui détient le plus de pouvoir, Chrystia Freeland, ni de renouveler sa garde rapprochée à l’intérieur de son bureau. Rien, dans le discours de la ministre des Finances ou dans celui des nouvelles recrues qui se sont succédé au micro, ne laisse par ailleurs présager un changement de cap sur la façon dont on gère l’économie.

Il faudra probablement attendre l’énoncé économique ou le prochain budget pour constater si le changement annoncé n’était qu’esthétique ou si le nouveau souffle promis permettra réellement de changer les choses quant à la croissance de l’économie et au portefeuille des gens.

Une équipe électorale

En filigrane du discours économique mis de l’avant au remaniement se trouve Pierre Poilievre, qui critique sans relâche l’approche libérale. Depuis des mois, le chef conservateur se fait le porte-voix de la colère de ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts.

Il a remporté une première manche en forçant son adversaire libéral à bouleverser la composition de son cabinet et à ajuster son discours.

Avec son nouveau Cabinet, Justin Trudeau effectue tout un rattrapage. Il ne s’en cache pas : il veut lui donner la réplique. Sa priorité a été de mettre de l’avant de bons communicateurs, des porte-parole capables d’expliquer avec aplomb et enthousiasme la vision libérale.

Il faut laisser la chance au coureur : les bons communicateurs s’avéreront peut-être également de bons gestionnaires. Néanmoins, si ce n’est pas le cas et que les électeurs constatent qu’on a privilégié le contenant aux dépens du contenu, leur verdict pourrait être sans appel.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.