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AnalyseLes députés des Communes sont-ils encore capables de collaborer?

Alors que la Chambre des communes semble engluée dans la partisanerie, les députés auraient avantage à écouter avec attention les conseils de leurs collègues qui font leurs adieux à la vie politique.

Justin Trudeau, Pierre Poilievre, Yves-François Blanchet et Jagmeet Singh.

Le premier ministre et chef du Parti libéral, Justin Trudeau, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, et le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, écouteront-ils les conseils de leurs collègues qui quittent la vie politique?

Photo : La Presse canadienne / Montage

En matière de partisanerie, dommage que ce soit quand ils partent que les élus semblent voir la lumière.

Mardi, le député démissionnaire de LaSalle–Émard–Verdun, David Lametti, a fait ses adieux à ses collègues dans un discours bien senti.

Il en a profité pour faire l’apologie de la gentillesse. Nous pourrions tous bénéficier d’être plus gentils, et nous serions meilleurs ainsi, a-t-il lancé dans son discours d’au revoir.

Cet endroit n’est pas surestimé. Le très honorable Paul Martin a dit : "On peut faire plus en cet endroit en cinq minutes qu’en cinq ans n’importe où ailleurs", a ajouté l’ancien ministre de la Justice.

En juin dernier, au moment de son départ des Communes, l’ancien chef conservateur Erin O’Toole avait également confié ses préoccupations à ses collègues.

La politique-spectacle alimente la polarisation, l’étalage de vertu remplace la discussion et, bien trop souvent, nous utilisons la Chambre pour générer des extraits vidéo plutôt que pour entamer des débats nationaux, avait-il déploré.

Les médias sociaux n’ont pas construit ce grand pays, mais ils commencent à détruire sa démocratie.

« Ça va être long! »

Ce n’est toutefois pas le genre de conseils que les députés semblent disposés à entendre au moment où les travaux reprennent aux Communes, après la pause des Fêtes.

Ça va être long! Ce constat lancé par le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, à la toute première période de questions aux Communes, illustrait à la perfection l’état d’esprit qui régnait en Chambre, lundi.

Pierre Poilievre venait d’accuser Justin Trudeau d'intimider le député libéral de Terre-Neuve, Ken McDonald, pour avoir soulevé l’idée d’une révision de son leadership. Le premier ministre avait alors rétorqué au chef conservateur que l’une de ses députées avait dîné avec un politicien allemand d’extrême droite et souhaitait abolir l’ONU.

Si certains pensaient que la pause de Noël permettrait de faire baisser la température aux Communes, ils ont été détrompés en moins de quelques minutes. Les députés ont repris les hostilités précisément où ils les avaient laissées en décembre.

Si cette ambiance persiste jusqu’aux prochaines élections générales prévues dans plus d’un an et demi, en effet, le temps s’annonce long.

La polarisation semble s’être incrustée en politique fédérale pour de bon. Alors que les dossiers qui préoccupent les citoyens sont légion – urgence climatique, coût de la vie, ingérence étrangère, etc. –, chaque sujet semble se transformer en une occasion de marquer des points politiques.

Et les citoyens?

S’il est naturel que les partis confrontent leurs idées, ils doivent néanmoins garder en tête les intérêts collectifs des électeurs. Les Canadiens qui observent les agissements des parlementaires se posent des questions.

Selon un sondage Angus Reid publié mardi, 39 % des répondants ne croient pas qu’il y a de la place pour les compromis en politique en 2024. À noter que les répondants néo-démocrates et libéraux étaient plus enclins à croire en ces compromis, alors que le PLC et le NPD ont signé une entente de confiance.

Dans ce sondage, près de 53 % des répondants étaient en désaccord avec l’affirmation : Mon gouvernement fédéral se préoccupe des enjeux qui sont importants pour moi. Les citoyens semblent douter que les politiciens travaillent pour eux.

L’importance grandissante des médias sociaux dans la politique n’est probablement pas étrangère à cette montée irrésistible de la partisanerie. Ça a changé le ton. On cherche le clip punché pour pouvoir le réutiliser après, note la politologue Geneviève Tellier.

Mme Tellier, professeure à l’Université d’Ottawa, établit un parallèle avec le bouleversement causé par l’arrivée de la télévision à la Chambre des communes en 1977. Les parlementaires avaient alors changé leur approche et, à cette occasion, s’étaient passablement assagis.

Il est ironique de constater à quel point l’arrivée des réseaux sociaux a créé la réaction inverse.

Méthodologie

Le sondage a été réalisé auprès de 1510 Canadiens par Angus Reid, du 9 au 12 janvier 2024, à l’aide d’un questionnaire en ligne.

À titre indicatif, un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d'erreur de +/- 2 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

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