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Fonderie Horne : la Ville juge « inacceptables » les menaces de fermeture

Plan éloigné de la Fonderie Horne et de ses deux hautes cheminées, avec le stationnement de l'usine rempli de véhicules.

La Fonderie Horne remet en question les investissements annoncés pour réduire notamment ses émissions d'arsenic. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

La Ville de Rouyn-Noranda juge « inacceptable » la remise en question du projet de modernisation de la Fonderie Horne.

Dans un document interne dont Radio-Canada a obtenu copie, la multinationale Glencore, propriétaire de la fonderie, remet en question son intention d’investir 750 millions $ pour réduire ses émissions polluantes. Elle craint notamment que Québec lui impose de respecter les normes québécoises sur l’arsenic au renouvellement de l’autorisation, en 2028.

C’est certain que de remettre en question les cibles à atteindre, près d’un an après l’autorisation ministérielle, c’est inacceptable. On est à planifier une relocalisation de 200 familles. Il ne faut pas oublier le côté humain là-dedans.

Une citation de Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda

La Fonderie Horne est la seule fonderie de cuivre au Canada et pourrait jouer un rôle stratégique dans la transition énergétique. Il s’agit aussi d’un employeur important pour Rouyn-Noranda et l’Abitibi-Témiscamingue, alors que la fonderie emploie 600 personnes en plus de contribuer à 1400 emplois indirects.

La mairesse Diane Dallaire en conférence de presse.

Selon la mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, la solution idéale est que la Fonderie Horne atteigne les cibles demandées par l’autorisation ministérielle et que le travail se poursuive. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Qualité de l'air à Rouyn-Noranda

Consulter le dossier complet

Des maisons du quartier Notre-Dame près de la Fonderie Horne.

S’il y avait fermeture, ce sont des conséquences économiques, mais c’est plus que ça. On pourrait questionner les coûts d’une fermeture, dont les coûts environnementaux. La solution idéale, c’est que l’entreprise atteigne les cibles demandées par l’autorisation ministérielle et que le travail se poursuive, ajoute Mme Dallaire.

Sur X, Caroline Senneville, présidente nationale de la CSN [qui représente les travailleurs syndiqués de l'usine], affirme que « les travailleurs doivent demeurer au cœur de la transition juste vers une économie verte pour préserver les emplois et atteindre les normes en matière de salubrité de l’air. Les investissements annoncés à la Fonderie Horne doivent être confirmés le plus tôt possible ».

Québec ne promet rien

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, refuse pour sa part de commenter la menace de fermeture imminente de la Fonderie Horne, soutenant simplement que l'entreprise devra respecter les obligations de son autorisation ministérielle.

Les deux ministres en mêlée de presse.

Le ministre Pierre Fitzgibbon mentionne que la responsabilité d'établir des normes revient à son homologue de l'Environnement, Benoît Charette. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Ils [les dirigeants de la fonderie] ont des obligations claires pour l’année en cours et les années subséquentes avec des résultats précis pour la fin de l’autorisation, mais on ne peut pas s’engager pour l'autorisation suivante, ce que je comprends que la fonderie aimerait qu’on fasse. Dans quatre ans, avec la santé publique, on va se rasseoir pour voir quelles seront les modalités de la suivante, mentionne le ministre Charette.

L’enjeu principal, c’est qu’ils veulent avoir une prévisibilité. Je pense que c'est à M. Charette et à la santé publique de déterminer les normes. Nous, au ministère de l’Économie, on n’est pas du tout là-dedans, ajoute son collègue Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.

Le reportage de Jean-Marc Belzile

Interrogé dans les corridors de l’Assemblée nationale, Pierre Dufour, député d’Abitibi-Est et adjoint parlementaire du ministre Fitzgibbon, estime qu’il y a des jeux de négociation là-dedans, possiblement. Il ajoute cependant que la fonderie représente un actif important pour la région et pour le Québec.

Je pense qu’il y a des discussions qui doivent avoir lieu. Il y a un élément dont on ne parle jamais dans ce dossier : imaginez tous les produits qui se retrouvent à cet endroit. Où emmènerait-on les ordinateurs et les téléphones cellulaires qu’on récupère?

Une citation de Pierre Dufour, député d’Abitibi-Est

Les oppositions réagissent

Le député de l'opposition québécoise, Monsef Derraji, à l'Assemblée législative de Québec.

Le député Monsef Derraji, du Parti libéral du Québec, admet être inquiet. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Au Parti libéral, le leader parlementaire Monsef Derraji se dit inquiet. Je m’inquiète sérieusement par rapport à l’avenir de la chaîne de valeur du cuivre. J’invite le ministre Pierre Fitzgibbon à avoir un plan très sérieux, exprime-t-il.

Cette inquiétude n’est pas partagée par Québec solidaire, qui y voit plutôt une stratégie de la part de Glencore.

Plusieurs personnes marchent dans la rue.

De passage à Rouyn-Noranda il y a plusieurs mois, la députée solidaire Alejandra Zaga Mendez croit que la multinationale Glencore emploie des tactiques de négociation. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Personne ne veut que la fonderie ferme. Ce que fait la multinationale en ce moment, c’est mettre de la pression pour aller chercher de l’argent de la part du Québec. Ce que fait la fonderie, c’est faire peur au monde. Il ne faut pas céder aux pressions d’une multinationale, affirme Alejandra Zaga Mendez, porte-parole de Québec solidaire en matière d’environnement.

Le porte-parole du Parti québécois en environnement, Joël Arseneau, abonde dans le même sens sur le réseau X. Il rappelle que Glencore a versé plus de 7 milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires en 2023 et demande à Québec de ne pas céder au chantage des multinationales étrangères.

Une femme porte une pancarte à une manifestation.

À la tête du comité ARET, Nicole Desgagnés estime aussi qu'il s'agit d'une manœuvre de négociation. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Ils s’essayent, soutient aussi la porte-parole du comité Arrêt des rejets et émissions toxiques de Rouyn-Noranda (ARET), Nicole Desgagnés.

Ça fait partie d’une stratégie de négociation, de chantage, avance-t-elle. Ce n’est pas la première fois que ça arrive. À plusieurs moments, il y a eu des menaces de fermeture. On fait plus face à une entreprise qui s’essaye à négocier, peut-être du financement supplémentaire et voir si l'on ne pourrait pas réduire les exigences. C’est comme s’ils étaient déjà en train de négocier la prochaine autorisation ministérielle.

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