ArchivesAgnès Varda : souvenir d’une cinéaste humaniste
La cinéaste Agnès Varda en 1973.
Photo : Radio-Canada
Il y a cinq ans, le 29 mars 2019, nous quittait Agnès Varda. La cinéaste est considérée comme la « grand-mère » du cinéma de la Nouvelle Vague en France. Quelques entretiens donnés dans les années 1960 et 1970 nous permettent d’en apprendre davantage sur cette réalisatrice profondément féministe et anticonformiste.
Les débuts de la Nouvelle Vague
La Nouvelle Vague, c’est un cinéma d’auteur, écrit en toute liberté. […] Je crois que comme cinéaste, il faut chercher à comprendre ce qui se passe, là dans ma rue et ailleurs dans le monde.
Née d’un père grec et d’une mère française, Agnès Varda grandit dans une famille de cinq enfants à Sète dans le midi.
Elle choisit d’abord la photographie et capte les comédiens de pièces de théâtre présents au Festival d’Avignon de Jean Vilar.
En 1953, elle écrit son premier film La Pointe courte avec aucune pensée qu’il apparaîtrait un jour sur un écran. Des amis la persuadent de le tourner et de le présenter en 1955.
Le film, qui met en vedette Philippe Noiret et Silvia Monfort, est tourné dans le quartier de la Pointe courte à Sète.
J’ai toujours commencé mes films en étant inspirée par des lieux qui sont forts, comme la Pointe courte. […] J’ai aimé le port, j’avais beaucoup d’amis là-bas, je m’y suis amusée.
Quelques années plus tard en 1961, Agnès Varda réalise un film qui deviendra un des classiques de la Nouvelle Vague, Cléo de 5 à 7 qui raconte l’histoire d’une jeune chanteuse (Corinne Marchand) obsédée par la mort.
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À l’émission Reflets du 17 janvier 1965, Agnès Varda parle du Prix Louis-Delluc qu'elle vient de recevoir pour son film Le Bonheur.
Agnès Varda parle du Prix Louis-Delluc qu'elle vient de recevoir et de son film « Le Bonheur ». Réalisation : Fernand Choquette.
Le prix est remis à un film qui fait avancer l’art cinématographique en France.
J’aime les gens, je crois que c’est le sujet le plus passionnant. Pas forcément la psychologie, mais leurs relations […] l’espace, le son, l’approche des gens, c’est ce qui m’intéresse comme cinéaste et comme personne.
Dans le film Le Bonheur sorti en 1964, Agnès Varda s’intéresse au stéréotype du bonheur familial.
Au cours de l’entrevue, elle raconte une anecdote pour le moins surprenante concernant son choix d’acteurs pour ce film.
Pour le personnage principal, Agnès Varda fait appel au comédien belge Jean-Claude Drouot après avoir vu une photo de lui et de sa famille dans un journal.
Elle le fait jouer en compagnie de son épouse et de ses deux jeunes enfants qui ne sont pas du tout issus du métier.
Je pensais profiter de leurs aptitudes naturelles à être bien ensemble, à être heureux ensemble.
Le film remportera l’Ours d’argent au Festival international du film de Berlin en 1963.
Un cinéma militant
J’étais une petite fille révoltée, une jeune femme révoltée et une femme révoltée.
Agnès Varda milite pour plusieurs causes sociales et signe plusieurs documentaires durant les années 1960 : Salut les Cubains (1963), Black Panthers (1968), Loin du Vietnam (1967).
Féministe de la première heure, elle réalise en 1977 L’une chante, l’autre pas, un film basé sur l’amitié entre deux femmes. L’histoire de l’amitié entre Pomme et Suzanne se déroule entre 1962 à 1976. Une période de bouleversement pour le droit des femmes.
Le 7 novembre 1977 à Femme d’aujourd’hui, Minou Petrowski et Agnès Varda discutent ensemble au moment de la sortie du film.
Entretien entre Minou Petrowski et Agnès Varda, au moment de la sortie du film « L’une chante, l’autre pas ».
Entre la fiction, la comédie musicale et le documentaire, le long métrage L’une chante, l’autre pas aborde les thèmes de la solidarité féminine, du choix d’une femme qui la définit, c’est-à-dire celui d’avoir des enfants ou pas, celui d’avorter ou pas
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En 1973, l’animatrice Aline Desjardins réalisait elle aussi une entrevue avec Agnès Varda pour l’émission Femme d’aujourd’hui.
L’animatrice Aline Desjardins s’entretient avec Agnès Varda à l’île Sainte-Hélène.
Dans le décor verdoyant de l’île Sainte-Hélène à Montréal, assise sur l’herbe, le dos appuyé contre un arbre, la cinéaste raconte son enfance dans le midi, ses études en photographie à Paris et son entrée dans le cinéma.
Il est aussi question de son engagement politique, de sa relation avec le scénariste et réalisateur Jacques Demy, de leurs enfants et de l'image de la femme à l'écran.
Les femmes cinéastes doivent inventer des images et une vision qui soient vraiment féminines, c’est-à-dire où on s’appuie sur l’énergie profonde de la femme pas forcément en relation avec l’homme.