Jour 2 du procès Trump : les sept premiers jurés sont sélectionnés
La sélection des jurés au procès criminel de Donald Trump s'est poursuivie pour une deuxième journée.
Photo : via reuters / Christine Cornell
Et de sept : après des débuts lents la veille, le processus de sélection des jurés s'est accéléré mardi, au deuxième jour du procès historique de l'ex-président américain Donald Trump à New York.
Trois femmes et quatre hommes ont ainsi obtenu le feu vert pour siéger au sein du premier jury jamais constitué pour juger un ancien président américain poursuivi au criminel.
Dans ce procès, Donald Trump fait face à un total de 34 chefs d'accusation en lien avec des crimes qui auraient été commis lors de la campagne présidentielle de 2016.
Fait à noter, deux des personnes sélectionnées dans le premier groupe de 96 jurés potentiels, sur un bassin de 500 candidats, sont des avocats.
La première journée du procès s'était terminée sans qu'aucun juré soit choisi, laissant initialement présager des difficultés à composer un jury impartial et laissant craindre que le processus ne traîne en longueur.
Si la tendance se maintient, le procès pourrait toutefois passer à l'étape des déclarations d'ouverture des procureurs et de la défense dès la semaine prochaine, un développement qui contraste avec les multiples tentatives de la défense, jusque dans les derniers jours, pour retarder le procès.
Le président Trump dit ce qu'il pense et je préfère cela à quelqu'un [...] dont on ne sait pas ce qu'il pense
, a déclaré l'une des femmes choisies, qui a aussi admis ignorer que l'ex-locataire de la Maison-Blanche faisait l'objet de trois autres poursuites au criminel.
Un autre des jurés sélectionnés a avoué trouver l'accusé fascinant
et mystérieux
. Il entre dans une pièce et déclenche des réactions, d'un côté ou de l'autre, et je trouve cela très intéressant
, a-t-il dit, ajoutant qu'il n'avait pas de positions politiques très campées.
Les jurés potentiels, qui avaient déjà répondu à un questionnaire de 42 questions, ont été soumis à un examen plus poussé des avocats de la défense comme des procureurs, qui les ont interrogés sur leur capacité à se montrer objectifs, puisant notamment dans leurs publications sur les réseaux sociaux.
Certains jurés ont publié des messages qui contredisent leurs affirmations selon lesquelles ils peuvent être impartiaux, a soutenu l'avocat du politicien de 77 ans, Todd Blanche.
Ce dernier a ainsi écarté une jurée potentielle qu'il a interrogée au sujet d'une publication vidéo sur Facebook montrant une scène de célébration dans une rue de New York, après la victoire de Joe Biden, en 2020.
Le juge sermonne la défense
Le juge Juan Merchan (photographié dans son bureau de la Cour suprême de l'État de New York), a présidé le procès criminel pour fraude fiscale de la Trump Organization en 2022.
Photo : Associated Press / Seth Wenig
Au sujet du comportement de Donald Trump en présence de cette femme, le juge Juan Merchan a lancé un avertissement à la défense.
Alors que la jurée [potentielle] se trouvait à trois mètres de votre client, il a dit quelque chose de manière audible
et a gesticulé dans sa direction, a-t-il dit, après que la femme en question fut sortie de la salle, précisant que lui-même n'avait pas entendu les paroles exactes.
Je ne tolérerai pas cela. Je ne permettrai pas que des jurés soient intimidés dans cette salle d'audience.
L'avocat de Donald Trump a aussi voulu écarter une femme dont le mari avait partagé un mème datant d'avant la victoire du républicain, en 2016, montrant sa photo à côté de celle de Barack Obama avec un message disant : Je ne pense pas que c'est ce qu'ils voulaient dire, quand il disaient que l'orange est le nouveau noir.
Le juge Merchan a entre autres rejeté la candidature d'un juré potentiel qui avait écrit sur son compte Facebook, en 2017, au sujet de Donald Trump Emprisonnez-le
, un message que le politicien républicain avait martelé au sujet de rivale démocrate Hillary Clinton pendant la campagne présidentielle de 2016.
Les procureurs et la défense peuvent rejeter, sans explications, 10 jurés potentiels chacun. Selon CNN, les avocats de Donald Trump se sont déjà prévalus de ce droit six fois, comparativement à quatre pour les procureurs.
Les deux parties peuvent écarter davantage de candidats, mais doivent alors plaider leur cause auprès du juge, qui peut également écarter des jurés potentiels de lui-même.
Dans ce procès, qui relève de la justice de l'État de New York, l'ancien président est accusé d'avoir falsifié des documents financiers pour dissimuler le remboursement d’un paiement versé à une maîtresse alléguée, une actrice de cinéma pornographique connue sous le nom de Stormy Daniels, afin de favoriser sa victoire à la présidentielle de 2016.
Suite jeudi
L'ex-président Donald Trump à sa sortie du tribunal, au deuxième jour de la sélection des jurés à son procès criminel à New York.
Photo : Reuters / Mark Peterson
Huit personnes ont en outre été exemptées, à leur demande, après avoir admis qu'elles ne pourraient pas être objectives.
Lundi, plus de la moitié des candidats de ce premier groupe ont été exclus pour cette raison.
Les jurés potentiels sont tous du comté de Manhattan, l'un des plus démocrates du pays, puisque c'est là qu'ont été commis les crimes allégués. Lors de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden, Donald Trump n'y a recueilli que 12,3 % des voix.
Le processus pour compléter le jury, qui sera composé de 12 membres, auxquels s'ajouteront 6 jurés suppléants choisis parmi un bassin d'environ 500 candidats, se poursuivra jeudi.
Les jurés potentiels restants seront appelés par groupes d'une centaine de personnes jusqu'à ce que l'ensemble du jury soit constitué, une étape dont la durée était initialement estimée à une à deux semaines.
À sa sortie du tribunal, Donald Trump a accusé le juge de précipiter le procès
. Et il fait tout ce qu'il peut pour les démocrates. Il s'agit d'une chasse aux sorcières inspirée par Biden et cela doit cesser
, a-t-il lancé.
Le procès fera relâche les mercredis, mais le juge a indiqué qu'il pourrait revenir sur sa décision si la procédure, qui devrait durer environ six semaines, s'éternisait.
Un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité devrait être rendu à l'unanimité.
Même en absence d'un acquittement, Donald Trump peut espérer un autre scénario : si un seul des 12 jurés demeure convaincu qu'il est innocent des accusations portées contre lui, le juge pourrait annuler le procès, ce qui suffirait à lui procurer une victoire.
Dans les trois autres dossiers criminels, retardés par une série de requêtes, Donald Trump est notamment accusé d'avoir tenté d'invalider les résultats de la présidentielle de 2020 et d’avoir mis la sécurité nationale en danger en conservant des documents confidentiels dans sa résidence de Mar-a-Lago.
Ces trois autres procès criminels risquent de ne pas connaître leur dénouement avant l'élection présidentielle de novembre prochain.
