Pierre Poilievre demande la suspension des taxes fédérales sur l’essence cet été

Après avoir milité pour l’abolition de la tarification du carbone, le chef conservateur fédéral s'attaque à toutes les taxes fédérales sur l'essence et le diesel. Cette mesure pourrait augmenter les émissions de carbone, affirme Kathryn Harrison, experte en politique environnementale et professeure de sciences politiques à l'Université de Colombie-Britannique (UBC).

Il ne s'agit pas seulement de supprimer une mesure pour dissuader de l'utilisation des combustibles fossiles. Il s'agit d'une incitation à brûler des combustibles fossiles, explique-t-elle.

De passage à Vancouver, Pierre Poilievre a lancé son discours devant une station d’essence. Le chef conservateur fédéral demande la suspension de toutes les taxes fédérales sur le diesel entre la Journée nationale des patriotes, le 20 mai, et la fête du Travail, le 2 septembre.

Cette demande concerne la taxe fédérale sur le carbone, la taxe d'accise, de 10 cents/litre pour l’essence et de 4 cents/litre pour le diesel, ainsi que la taxe fédérale sur les produits et services (TPS) appliquée aux carburants.

Le coût de la vie au centre de la demande

Pierre Poilievre dénonce la hausse du coût de la vie et juge la mesure nécessaire pour permettre aux Canadiens d'avoir de vraies vacances.

Ça va économiser 17 sous le litre pour les Québécois chaque fois qu'ils vont à la pompe pour remplir le camion ou leur voiture. Ça va donner davantage [d’argent] dans leurs poches, a-t-il déclaré.

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On parle ici d'une réduction similaire du prix à la pompe pour la Colombie-Britannique, car comme au Québec, les taxes sur le carbone sont des mesures provinciales. L’incidence serait plus importante dans les autres provinces, avec des réductions prouvant atteindre presque 35 cents à la pompe, selon Sumeet Gulati, professeur associé à la Faculté de la vie et des systèmes de l'UBC et expert en taxes sur les carburants.

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, dénonce par courriel une campagne de désinformation.

Selon le ministre fédéral, la demande de Pierre Poilievre sape l'action climatique au service des grands pollueurs qui paient le plus dans le cadre de la tarification de la pollution alors que 8 Canadiens sur 10, dans le cadre du système fédéral de tarification des carburants, obtiennent plus de remises qu'ils n'en paient.

Le Parti conservateur indique que la mesure permettrait à une famille canadienne moyenne d'économiser 670 $ au cours de l'été.

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Sumeet Gulati, de son côté, ne voit pas l'intérêt d'une telle démarche pour lutter contre la crise du coût de la vie.

Ce qui se passe, c'est que les personnes possédant plusieurs grosses voitures bénéficieront davantage d'un remboursement de la taxe sur l'essence que les plus pauvres, qui ont peut-être seulement une voiture, voire aucun véhicule, dit-il.

Pourquoi ne propose-t-il pas plutôt de donner à chaque famille environ 700 $ cet été pour qu'elles puissent dépenser comme elles veulent, peut-être pas en essence, mais en nourriture? ajoute-t-il.

Le coût sur l'environnement

Les conservateurs pensent que les Canadiens se soucient surtout du coût de la vie, et qu'en s'y attaquant, les problèmes climatiques prendront moins d’importance, analyse Kathryn Harrison.

Pierre Poilievre a commencé l’annonce en se souvenant de ses vacances, lorsqu'il était jeune, dans l'Okanagan.

Il s'agit d'un langage nostalgique qui, de l'avis de Kathryn Harrison, est incompatible avec la réalité d’aujourd’hui, avec une saison des feux de forêt de plus en plus intense en raison des changements climatiques.

Je vis en Colombie-Britannique et mon fils explore souvent l'arrière-pays. Je m'inquiète pour sa sécurité en raison des risques liés aux voitures et aux incendies de forêt, dit-elle.

Le ministre Steven Guilbeault dénonce cette demande alors que la saison des feux de forêt a déjà commencé dans plusieurs provinces.

Pierre Poilievre veut suspendre la politique la plus efficace et la plus abordable dont nous disposons pour lutter contre les changements climatiques et la sécheresse prolongée qui met la vie des gens en danger, indique-t-il.