•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Voleurs d'enfance: les intervenants réagissent

Radio-Canada

Des porte-parole de la DPJ et des centres jeunesse déplorent que le documentaire de Paul Arcand fasse abstraction de tous leurs bons coups dans l'aide aux jeunes en détresse.

Des représentants de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et des centres jeunesse du Québec se désolent que Les Voleurs d'enfance, de Paul Arcand, passe complètement sous silence leurs réussites.

Le documentaire dénonce l'aide déficiente apportée aux jeunes en difficulté. D'entrée de jeu, tous les intervenants présents se sont dits extrêmement touchés par la violence à l'égard des enfants dénoncée par le film. Ils ont aussi salué que le documentaire lève le voile sur la détresse de trop nombreux enfants.

En revanche, les intervenants font remarquer qu'il s'agit d'un film d'auteur, le réalisateur ayant choisi délibérément de ne montrer que les ratés du système d'aide à l'enfance.

« Plus de un million d'enfants ont été aidés par le réseau et des milliers de vies - j'en ai été témoin personnellement - ont été sauvées, a déclaré Jean-Pierre Hotte, directeur général de l'Association des centres jeunesse du Québec. Il faut aussi le signaler. »

Les intervenants craignent que le film jette le discrédit sur les activités des responsables de l'aide à l'enfance. « Les voleurs d'enfance, ce sont les pédophiles, les agresseurs; nous n'accepterons jamais d'être associés à des voleurs d'enfance », a déclaré M. Hotte.

« Le vrai voleur d'enfance, c'est le silence des adultes », a soutenu un autre participant, qui a dit espérer que le documentaire n'ébranle la confiance des Québécois dans le système de protection de l'enfance.

Les intervenants craignent que le documentaire n'ait pour effet de museler les personnes qui souhaiteraient dénoncer des situations critiques ou de décourager le personnel qui oeuvre à la protection des enfants. « Ce dont nous avons besoin, c'est d'un coup de main, pas d'un coup de poing », a affirmé un autre intervenant.

Cellules d'isolement

Interrogés sur le recours aux cellules d'isolement dans les centres pour jeunes, ils ont répondu qu'il fallait maintenir ces cellules, pour traiter les cas les plus difficiles. Toutefois, l'objectif est de réduire au minimum la durée des périodes d'internement, pour les limiter à une journée au maximum.

Les intervenants disent aussi compter sur l'aide des équipes multidisciplinaires pour minimiser le recours aux médicaments. Selon eux, il existe clairement un déséquilibre dans les ressources disponibles pour traiter les agresseurs dans les prisons et celles mises à la disposition des centres jeunesse.

En outre, les centres jeunesse ont expliqué qu'ils aidaient parfois les jeunes jusqu'à l'âge de 19 ans, un an après leur majorité officielle, pour les aider à réussir leur réintégration.

Déjudiciarisation

Les intervenants disent enfin accueillir avec satisfaction le projet de loi prévu à l'automne, qui devrait aller dans le sens d'une déjudiciarisation du processus d'aide à l'enfance.

Il s'agit d'une alternative extraordinaire, font-ils remarquer, car le temps passé devant les tribunaux par les intervenants n'est pas consacré à donner un coup de main aux jeunes et aux familles dans le besoin.

Les travailleurs sociaux réagissent

Par ailleurs, le président de l'Ordre des travailleurs sociaux du Québec, Claude Leblond, estime que le documentaire de Paul Arcand a le mérite de dénoncer une situation qui dure depuis trop longtemps.

En entrevue sur RDI, M. Leblond a déclaré que la Loi de la protection de la jeunesse et la DPJ étaient des services de deuxième et troisième ligne.

« S'il n'y a pas les ressources qu'il faut en première ligne, la seule porte qui reste, c'est la Loi de la DPJ, et ce n'est pas la bonne, estime-t-il. Ce qui fait qu'il y a un fort taux de prise en charge par les travailleurs sociaux, qui font du mieux qu'ils peuvent avec les ressources qui leur sont données pour les jeunes et les familles. »

Pour l'Ordre des travailleurs sociaux, le principal impact du documentaire devrait être de faire en sorte que la population fasse pression auprès des politiciens et du gouvernement en faveur d'un investissement majeur au niveau des services sociaux aux familles.

Plus d'enfants agressés au Canada

En parallèle, une étude dévoilée mardi révèle qu'il y a beaucoup plus de cas d'agressions et de négligence d'enfants que les chercheurs et politiciens le croient.

Entre 1998 et 2003, le nombre de signalements d'enfants négligés ou victimes d'agressions a augmenté de 125 %. Toutefois, l'auteur principal de l'étude précise que l'une des causes de cette hausse pourrait être l'amélioration des mécanismes permettant les signalements.

Au cours de la même période de cinq ans, la violence psychologique faite aux enfants aurait augmenté de 276 %.

La section Commentaires est fermée

Compte tenu de la nature délicate ou juridique de cet article, nous nous réservons le droit de fermer la section Commentaires. Nous vous invitons à consulter nos conditions d’utilisation. (Nouvelle fenêtre)

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.