1000e mise à mort

L'Américain Kenneth Lee Boyd a été exécuté par injection létale vendredi, devenant ainsi le 1000e condamné à mort à subir ce sort depuis le rétablissement de la peine capitale, en 1976.

Les États-Unis ont franchi vendredi le cap symbolique des 1000 exécutions depuis 1976, date de la fin du moratoire de 10 ans à ce sujet.

Kenneth Lee Boyd a subi la peine capitale par injection létale à 2 h 15, vendredi, en Caroline du Nord. Le gouverneur de l'État, Mike Easley, a en effet refusé de commuer sa peine. Quelques heures plus tôt, la Cour suprême des États-Unis avait de son côté refusé un dernier appel.

Kenneth Lee Boyd, 57 ans, a été reconnu coupable d'avoir tué sa femme et son beau-père, en 1988.

Plus d'une centaine d'opposants à la peine de mort ont manifesté devant la prison de Raleigh, où l'administration a jugé utile de renforcer la sécurité avant l'exécution. Au total, 16 personnes ont été arrêtées.

Le condamné a passé ses dernières heures avec des membres de sa famille et des amis, avant de prendre son dernier repas.

La 1001e exécution doit se dérouler vendredi soir, dans l'État voisin de la Caroline du Sud, où Shawn Humphries doit être mis à mort pour le meurtre d'un employé de magasin en 1994.

Un cap repoussé mardi

Le gouverneur de Virginie, Mark Warner, a de son côté commué, mardi dernier, la peine d'un condamné à mort qui devait être exécuté mercredi soir. Robin Lovitt, 42 ans, reconnu coupable de meurtre, sera finalement emprisonné à vie.

Il aurait dû être le 1000e condamné à mort des États-Unis depuis 1976. L'approche de son exécution a énormément mobilisé les opposants à la peine capitale.

Lundi, l'Arkansas a procédé à la 998e exécution d'un condamné à mort. Mardi, l'Ohio a pratiqué la 999e exécution capitale américaine.

La peine de mort en recul

Malgré ces dernières exécutions rapprochées, la peine capitale est de moins en moins pratiquée aux États-Unis. Les statistiques montrent un déclin de 50 % du nombre de condamnations à mort depuis la fin des années 1990.

Elles indiquent également une baisse de 40 % du nombre d'exécutions, malgré un pic de celles-ci en 1999, avec 98 applications de la peine capitale.

La population des couloirs de la mort, les ailes des prisons réservées aux condamnés à mort, est pour sa part en baisse, tous les ans, depuis 2001.

Plusieurs erreurs judiciaires, découvertes après l'exécution de condamnés, ont mis à mal cette pratique. En tout, 122 détenus des couloirs de la mort ont été libérés après avoir été disculpés depuis 1973.

Des personnalités ont pris parti contre la peine capitale. L'ancien gouverneur de l'Illinois, George Ryan, troublé par les failles du système judiciaire, a posé un geste fort de dénonciation en 2003. Il a gracié tous les condamnés à mort de l'État, commuant leur peine en prison à vie, à peine deux jours avant de quitter ses fonctions.

La majorité des exécutions dans trois États

Actuellement, 38 États américains autorisent la peine de mort, mais dans les faits, peu la pratiquent. La grande majorité des exécutions ont lieu dans le sud du pays. À eux seuls, le Texas, la Virginie et l'Oklahoma comptent plus de la moitié des exécutions.

Chaque État pratiquant la peine capitale a des lois différentes la régissant. La Cour suprême a néanmoins interdit l'exécution des déficients intellectuels en 2002 et celle des mineurs en mars 2005.

Depuis 1976, la plupart des exécutions ont été réalisées par injection mortelle (831), une méthode largement préférée à l'électrocution (152). Onze prisonniers ont été exécutés dans une chambre à gaz, 3 par pendaison et 2 devant un peloton d'exécution.