Les Khadr condamnés à verser plus de 100 millions

Un juge de l'Utah ordonne à la famille d'Omar Khadr, détenu à Guantanamo, de verser une compensation à un soldat américain blessé en Afghanistan et à la veuve de son collègue.

Un juge de l'Utah, aux États-Unis, a condamné la succession du Canadien Omar Khadr à verser une compensation de 102,6 millions de dollars à un soldat américain blessé en Afghanistan et à la veuve de son collègue.

En juillet 2002, le sergent Layne Morris et l'infirmier Christopher Speer ont été la cible de grenades et de tirs d'armes automatiques dans un village afghan.

Le sergent Morris a poursuivi Omar Khadr, seul Canadien emprisonné à la base militaire de Guantanamo, et accusé d'être responsable de l'attaque. La poursuite a été élaborée à l'aide de reportages, notamment d'entrevues avec la famille immédiate d'Omar Khadr, dans lesquelles il est indiqué que l'adolescent, alors âgé de 15 ans, l'aurait blessé et aurait tué M. Speer.

Dans sa décision rendue vendredi, le tribunal a accordé à M. Morris et à la famille de M. Speer un dédommagement provenant des actifs d'Ahmed Saïd Khadr, père d'Omar, tué par l'armée pakistanaise, en octobre 2003, en Afghanistan. Ahmed Saïd Khadr est soupçonné d'avoir financé les activités du réseau terroriste al-Qaïda.

Les plaignants pourraient toutefois avoir du mal à mettre la main sur leur dédommagement, parce que les actifs d'Ahmed Saïd Khadr ne sont pas connus. Selon l'avocat Dennis Flynn, ses avoirs ont été gelés par les gouvernements américain et canadien.

Pour l'avocat de l'accusé, Dennis Edney, la décision a été obtenue frauduleusement et il s'agit d'un déni de justice. Il ajoute que le procès était inéquitable.

« J'ai écrit au juge de ce tribunal et aussi au cabinet d'avocats représentant ces personnes pour indiquer que [Omar] Khadr et son procureur n'ont, en aucun temps, donné la permission de procéder sans que ses droits soient reconnus. Alors, à mon avis, ils ont obtenu un jugement par défaut », estime Me Edney.

En novembre dernier, Omar Khadr a été accusé par le gouvernement américain de meurtre, de tentative de meurtre, de complot et d'aide à l'ennemi.

Une « famille Al-Qaïda »

Cette condamnation n'est que le dernier chapitre de l'histoire d'une famille soupçonnée d'être proche d'Oussama ben Laden.

Le frère d'Omar, Abdullah, est accusé de complot pour le meurtre d'Américains à l'étranger. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt aux États-Unis depuis le 17 décembre dernier. Emprisonné au Canada, il pourrait être extradé vers les États-Unis, où il serait passible d'un minimum de 30 ans de prison.

La soeur d'Abdullah et d'Omar Khadr, Zaynab, est aussi soupçonnée par les autorités canadiennes d'avoir commis des actes terroristes. Zaynab Khadr aurait épousé un islamiste membre d'Al-Qaïda et aurait invité Oussama ben Laden à son mariage.

Enfin, en mars 2004, son frère Abdurahman a admis devant les caméras de la télévision anglaise de Radio-Canada que ses frères et son père faisaient bien partie du réseau Al-Qaïda, et qu'ils côtoyaient même Oussama ben Laden. Il a avoué avoir lui-même été élevé pour devenir un membre d'Al-Qaïda. Toutefois, après avoir été capturé par les forces américaines, Abdurahman Khadr affirme avoir tourné le dos à Al-Qaïda. Il a été recruté afin de travailler pour le compte de la CIA en Afghanistan, à la prison de Guantanamo, ainsi qu'en Bosnie.