Que savaient les autorités?
Prenez note que cet article publié en 2006 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Tandis que la poursuite accuse Moussaoui d'avoir menti lors de son arrestation, la défense s'emploie à démontrer que les autorités américaines en savaient beaucoup plus sur les intentions d'Al-Qaïda et sur l'accusé.
Le procès de Zacarias Moussaoui a repris, mardi, à Alexandria, en Virginie, où un agent du FBI a tenté d'expliquer aux jurés les méthodes du réseau terroriste Al-Qaïda. Ce faisant, la poursuite tente de détruire la thèse de la défense, selon laquelle l'accusé ne savait rien des projets de l'attentat du 11 septembre 2001.
L'agent de la section antiterroriste, Michael Anticev, a offert un cours magistral sur Al-Qaïda. Il est remonté à la « guerre sainte » menée contre les Soviétiques en Afghanistan, aux origines historiques du mouvement fondé par Oussama ben Laden.
Se basant sur des manuels préparés par le réseau, il a décrit les méthodes des membres d'Al-Qaïda pour tromper les policiers lors d'interrogatoires. Il s'est aussi attardé sur la préparation des attentats et les enlèvements.
De leur côté, les avocats assignés à Moussaoui ont continué à dépeindre leur client comme un homme minable qui rêvait de devenir terroriste, mais qui a été exclu de l'opération majeure parce qu'il n'était « pas bien dans sa tête ».
La défense s'est aussi employée à démontrer que les autorités américaines en savaient beaucoup plus sur les projets d'Al-Qaïda, ainsi que sur Moussaoui lui-même. Ils ont notamment rappelé que l'arrestation de Moussaoui, en août 2001, aurait dû déclencher moult signaux d'alarme pour le FBI - qui a choisi de les ignorer.
Interrogé à ce sujet, M. Anticev a dû reconnaître que le FBI était au courant, dès 1998, de projets d'Al-Qaïda d'utiliser des avions de ligne comme bombes volantes sur la Tour Eiffel et le siège de la CIA.
Le sourire à la vue de Ben Laden
Assis dans le box des accusés, Moussaoui est resté calme, se contentant de lancer « Que Dieu maudisse l'Amérique » et « Que Dieu bénisse Oussama ben Laden » lors des pauses.
Il a également souri à plusieurs reprises lors de la diffusion d'une vidéo de ben Laden, en novembre 2001, où il se félicite des attentats du 11 septembre avec d'autres responsables. Il a eu la même réaction devant la vidéo d'un entraînement d'Al-Qaïda, où l'on voit l'attentat contre l'USS Cole en 2000 dans le port d'Aden, au Yémen.
La mère de Moussaoui, présente trois rangs derrière lui dans la salle, a cherché en vain le regard de son fils. Celui-ci la boude parce qu'elle communique avec ses avocats, qu'il refuse de reconnaître.
En avril dernier, Moussaoui, 37 ans, a plaidé coupable à des accusations de complot visant la Maison-Blanche. Le procès de Moussaoui, qui pourrait durer trois mois, vise à définir sa sentence: la prison à vie ou la peine de mort. Pour cette dernière, l'accusation devra prouver un lien direct entre lui et les attentats du 11 septembre 2001.