Recueillement devant la dépouille du pape

Des milliers de fidèles commencent à défiler devant la dépouille de Jean-Paul II, transférée à la basilique Saint-Pierre lors d'une procession solennelle. Les cardinaux fixent ses obsèques à vendredi.

À Rome, des milliers de fidèles ont commencé à défiler devant la dépouille du pape Jean-Paul II, transférée lundi matin du palais apostolique à la basilique Saint-Pierre lors d'une procession solennelle retransmise par les télévisions du monde entier.

Le corps de Jean-Paul II, décédé samedi à l'âge de 84 ans, sera exposé jusqu'aux obsèques officielles, fixées à vendredi par les cardinaux.

Une atmosphère de recueillement et de grande émotion règne au pied de la litière de tissu rouge placée devant le maître-autel, où repose Jean-Paul II, le visage serein. Des dizaines de milliers de fidèles ont attendu toute la journée, sous un chaud soleil, avant de pouvoir voir le défunt pape.

Un porte-parole du Vatican a annoncé que ses obsèques débuteraient vendredi matin sur le parvis de la basilique, place Saint-Pierre. La cérémonie, qui commencera à 10 h, sera présidée par le cardinal Joseph Ratzinger, doyen du collège des cardinaux.

Le cercueil du pape sera ensuite porté à l'intérieur de la basilique. Puisque Jean-Paul II n'a pas formulé la volonté d'être enterré en Pologne, sa dépouille sera inhumée dans la crypte de la basilique, conformément aux traditions du Vatican.

Selon la première chaîne de télévision publique italienne, sa dépouille occuperait un emplacement laissé vacant par le pape Jean XXIII, déplacé après sa béatification.

La date du conclave n'est pas encore fixée

Les 65 cardinaux déjà arrivés à Rome ont tenu lundi matin deux congrégations générales.

Durant la première, ils ont prêté serment de garder le secret le plus absolu sur tout ce qui concernera le conclave, comme le prévoit la constitution apostolique édictée en 1996 par Jean-Paul II. Au cours de la seconde, ils ont décidé de la date des obsèques du Saint-Père.

En revanche, les 65 cardinaux ont renvoyé à plus tard la décision de fixer la date à laquelle s'ouvrira le conclave, date qui doit être comprise entre le 18 et le 23 avril.

Une troisième congrégation générale se tiendra mardi matin. À ce moment, davantage de cardinaux seront arrivés à Rome pour y participer.

Tous les cardinaux, quel que soit leur âge, peuvent prendre part aux congrégations générales qui se réunissent pendant la vacance entre deux papes, mais seuls les 117 cardinaux de moins de 80 ans ont le droit de participer au conclave pour élire le Saint-Père.

Deux millions de fidèles attendus à Rome

Plus de deux millions de personnes sont attendues à Rome pour rendre hommage au souverain pontife. La basilique sera ouverte jour et nuit jusqu'à vendredi, avec trois heures d'interruption de 2 h 00 à 5 h 00 du matin.

Si leur nombre est aussi important que prévu, les fidèles ne pourront pas tous accéder à la place Saint-Pierre, mais des écrans géants disposés en divers points de la capitale leur permettront de suivre en direct la cérémonie.

Environ 200 délégations d'État et de dignitaires devraient être présentes à Rome pour le jour de l'inhumation. Parmi les nombreuses personnalités ayant déjà confirmé leur présence figurent le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, le président américain George W. Bush, le président français Jacques Chirac, le premier ministre britannique Tony Blair, le chancelier allemand Gerhard Schroeder, le roi d'Espagne Juan Carlos, le président polonais Aleksander Kwasniewski, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et la présidente philippine Gloria Arroyo.

Le premier pape slave

Jean-Paul II, âgé de 84 ans, est mort samedi à 21 h 37, heure de Rome, à la suite d'une septicémie et d'une insuffisance cardiaque.

Karol Wojtyla était le 264e chef de l'Église catholique, qui rassemble plus d'un milliard de fidèles. Élu en 1978, Jean-Paul II était le premier pape polonais de l'histoire et le premier non italien à occuper cette fonction depuis 455 ans.

Son pontificat, le troisième de l'histoire de l'Église catholique en durée, aura aussi été marqué par ses nombreux voyages (104 voyages à l'étranger et 129 pays visités), une tentative d'assassinat contre lui en 1981, ainsi que de nombreux problèmes de santé à la fin de sa vie.

L'auteur de la tentative d'assassinat de Jean-Paul II a exprimé son souhait d'assister aux obsèques du pape. D'une prison d'Istanbul, où il purge une peine de 17 ans de prison, Mehmet Ali Agça a affirmé qu'il partageait le deuil des catholiques. En 1983, Jean-Paul II a rencontré son agresseur dans une prison italienne, et lui a accordé son pardon.