La Chine et le Japon croisent le fer

Après deux week-ends de violentes manifestations antijaponaises en Chine, Pékin refuse présenter ses excuses au peuple japonais, comme le demande Tokyo.

Les relations sino-japonaises se sont dégradées un peu plus, dimanche. Pékin a refusé de présenter ses excuses à Tokyo pour les violences qui ont émaillé d'importantes manifestations antijaponaises pour le deuxième week-end consécutif en Chine.

« Le gouvernement chinois n'a jamais rien fait qui mérite la présentation d'excuses au peuple japonais », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Li Zhaoxing, après une réunion de crise avec son homologue japonais, Nobutaka Machimura.

Le ministre japonais est arrivé dans la capitale chinoise, dimanche, pour une visite de 36 heures. « Nous souhaitons que le gouvernement chinois agisse sincèrement et promptement conformément aux règles internationales », a déclaré le chef de la diplomatie japonaise.

« Le problème principal est aujourd'hui que le gouvernement japonais a fait une série de choses qui ont blessé les sentiments du peuple chinois sur la question de Taïwan, des questions internationales dont les droits de l'homme et en particulier la manière dont il traite l'histoire [entre les deux pays] », a répliqué le ministre chinois.

Les doléances chinoises

La Chine reproche au Japon d'avoir affirmé dans une déclaration nippo-américaine, il y a deux mois, que la sécurité dans le détroit de Taïwan était un « objectif stratégique commun » face à Pékin.

Le gouvernement chinois estime que cette déclaration est une « violation de la souveraineté de la Chine ». Pékin considère Taïwan comme une province rebelle et a récemment adopté une loi antisécession.

La Chine et le Japon s'opposent également sur la question de l'exploitation du sous-sol marin en mer de Chine orientale, dans une zone contestée proche des îles Diaoyu (Senkaku en japonais). Ces îles sont administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin.

Le gouvernement japonais vient d'accorder le feu vert à des entreprises pour forer dans la zone qu'il contrôle, alors qu'une entreprise d'État chinoise fore dans cette zone depuis deux ans.

Mais la population chinoise est avant tout descendue dans les rues pour dénoncer l'homologation par le ministère japonais de l'Éducation d'un manuel d'histoire minimisant les atrocités commises par l'armée impériale nippone en Asie dans les années 1930-1940.

Un deuxième week-end de manifestations antijaponaises

Pour le deuxième week-end consécutif, des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes ont eu lieu dans plusieurs villes de Chine.

Le gouvernement et la presse japonaises sont convaincus que les autorités chinoises ont sciemment laissé « des bandes contrôlées d'émeutiers » attaquer ses représentations diplomatiques.

Samedi, la façade du consulat du Japon à Shanghai a été bombardée pendant plusieurs heures par des jets de pierres, de bouteilles, d'oranges et de sacs de peinture. Des incidents similaires se sont produits dimanche à Shenyang, dans le nord-est du pays, et le week-end dernier, à Pékin.

Plusieurs restaurants et bars japonais en Chine ont eux aussi été victimes de la grogne contre le Japon. Leurs vitrines ont été fracassées par les manifestants.

Dimanche, les défilés antijaponais les plus importants ont eu lieu à Shenzhen, dans le sud du pays. Plus de 30 000 personnes ont exprimé leur patriotisme en scandant « Vive la Chine! » et en dénonçant « les porcs japonais ».

À Hong Kong, plusieurs milliers de manifestants ont défilé pacifiquement pour protester contre le manuel d'histoire. Ils criaient « Japon, reconnais tes crimes ».