Affaire Calipari: Rome s'inscrit en faux contre Washington

Les autorités italiennes publient leur rapport concernant la mort de l'agent de renseignement lors de l'évacuation de l'ex-otage Giuliana Sgrena. Rome contredit plusieurs éléments du rapport américain.

Le gouvernement italien a publié son rapport, lundi soir, sur la mort de l'agent Nicola Calipari, tué par les soldats américains lorsqu'il évacuait l'ex-otage Giuliana Sgrena en Irak, le 4 mars dernier.

Les autorités italiennes estiment que la mort de l'agent de renseignements n'était pas intentionnelle.

Mais Rome blâme en partie le « stress » et « l'inexpérience » des militaires américains qui tenaient le barrage routier où a éclaté la fusillade.

De plus, selon le rapport, « le poste de contrôle volant américain n'était pas signalé ».

Le rapport s'inscrit en faux contre plusieurs points du rapport américain de samedi. D'abord, les auteurs maintiennent qu'aucun tir de sommation n'a été effectué avant la fusillade contre le véhicule qui transportait Mme Sgrena et M. Calipari.

De plus, Rome fait état de problèmes dans la coordination entre les responsables militaires en Irak et quant aux règles d'engagement aux points de contrôle.

En ce qui a trait aux communications entre les Italiens et les forces américaines dans les heures précédant l'incident, le rapport affirme que les autorités américaines ont été informées de l'opération plusieurs heures avant sa conclusion tragique. Et elles ont été mises au courant de la libération de l'otage italienne 25 minutes avant la mort de Nicola Calipari.

Le document estime aussi que la vitesse du véhicule « ne peut être mise en cause », comme l'ont fait les autorités américaines, et déplore le fait que « la scène du drame n'ait pas été conservée en l'état après la fusillade ». Les auteurs du rapport estiment qu'il est toutefois difficile d'établir une responsabilité individuelle dans le déclenchement de la fusillade.

Le rapport a été réalisé sur la base d'une enquête menée par le diplomate Cesare Ragaglini et le général des services secrets Pierluigi Campregher, tous deux membres de la commission mixte italo-américaine.

Des conclusions américaines différentes

Nicola Calipari, véritable héros national après son décès, a été tué par des tirs américains sur la route de l'aéroport de Bagdad, alors qu'il évacuait la journaliste italienne Giuliana Sgrena. La journaliste du quotidien Il Manifesto venait d'être libérée après avoir été retenue en otage pendant un mois.

Samedi, un rapport d'enquête de 42 pages, publié par l'armée américaine, excluait toute responsabilité des soldats ayant tiré sur le véhicule de M. Calipari. Il estimait que le drame aurait pu être évité grâce à une meilleure coordination entre Italiens et Américains.

Les États-Unis soutiennent aussi que la voiture transportant Calipari et Sgrena n'a pas ralenti à l'approche du barrage américain, et que les militaires qui ont ouvert le feu ont agi conformément aux règles d'engagement.

Un dysfonctionnement dans la publication du rapport sur le web a permis à des internautes d'avoir accès aux parties censurées du document, en le collant dans un fichier informatique classique. Le quotidien italien La Republicca a ainsi publié le rapport intégral.

Les membres italiens de la commission mixte ont refusé d'avaliser les conclusions américaines, tout comme Mme Sgrena et un autre agent italien ayant survécu à l'événement.

L'Italie est l'un des principaux partenaires de Washington en Irak, avec un contingent de 3000 soldats. Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, doit s'adresser aux députés jeudi au sujet du désaccord avec les États-Unis sur l'affaire Calipari.