Un troisième mandat pour Tony Blair

Les travaillistes décrochent un troisième mandat de suite en Grande-Bretagne, mais une majorité réduite traduit l'opposition à l'invasion de l'Irak.

Les travaillistes de Tony Blair ont obtenu un troisième mandat de suite, jeudi, à la tête de la Grande-Bretagne.

Mais le parti du premier ministre a obtenu une majorité réduite de 60 à 70 sièges, héritée de l'opposition à la guerre en Irak. « J'ai écouté et appris » et « je me concentrerai sans relâche sur les priorités des Britanniques (au cours de mon troisième mandat) », a affirmé vendredi le premier ministre Blair, qui fêtait son 52e anniversaire.

Il a reconnu qu'il avait payé le prix de la guerre en Irak lors des élections législatives, une question qui a « divisé le pays ».

Par comparaison, les travaillistes revendiquaient une majorité de 167 sièges après les élections de juin 2001.

Les analystes estiment qu'une majorité de moins de 50 sièges aurait été considérée comme un échec par les travaillistes.

« Nous devons écouter les gens et répondre avec sagesse et de façon raisonnable, mais ils se sont montrés très clairs, ils voulaient continuer avec le Parti travailliste », a déclaré Tony Blair devant ces résultats.

Démission surprise

Vers la fin de la nuit, le chef de l'opposition conservatrice, Michael Howard, a concédé la victoire aux travaillistes et a félicité le premier ministre Blair. M. Howard, après une courte nuit, a annoncé qu'il remettrait sa démission aussitôt que son parti lui aura trouvé un successeur.

« J'ai l'intention de rester comme chef du parti jusqu'à ce que celui-ci ait la possibilité de se prononcer sur le processus de nomination d'un nouveau chef », a déclaré l'homme de 63 ans.

Selon des résultats officiels portant sur 621 des 646 sièges disponibles, les travaillistes disposent de 353 députés (contre 413 en 2001) dans la nouvelle chambre. Pour remporter la majorité absolue, un parti doit obtenir 324 sièges.

De leur côté, les conservateurs en obtiennent 196, tandis que les libéraux-démocrates, malgré une hausse significative de l'appui populaire, doivent se contenter de 60 sièges.

En termes de suffrages exprimés, les travaillistes ont obtenu 37 % des voix, en baisse de quatre points par rapport à 2001, contre 33 % pour les conservateurs, selon des sondages à la sortie des urnes. Les libéraux-démocrates ont progressé de quatre points depuis 2001 en récoltant 22 % des voix.

Plusieurs petits partis se partagent les 8 % restants. Plus de 44 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. Quelque 61 % d'entre eux ont exercé leur droit de vote, selon les chiffres officiels disponibles vendredi matin.

C'est la première fois qu'un travailliste remporte trois mandats successifs de premier ministre au Royaume-Uni. En outre, aucun premier ministre n'avait remporté de troisième mandat de suite depuis Margaret Thatcher.

Blair critiqué pour la guerre en Irak

Au cours de la campagne électorale, Tony Blair a essuyé de nombreuses attaques de ses adversaires qui l'accusaient d'avoir trompé les Britanniques en se joignant à l'invasion américaine de l'Irak.

La Grande-Bretagne, comme les États-Unis, a été incapable de présenter les preuves de la présence d'armes de destruction massive en Irak, pourtant la principale raison avancée par Londres et Washington pour justifier l'intervention militaire.

Malgré ce feu nourri de critiques des conservateurs de Michael Howard, qui ont même dépeint M. Blair comme le « caniche de George Bush » et l'ont accusé d'avoir menti à la population, le chef des travaillistes a réussi à garder le cap durant toute la campagne.

L'équipe de Tony Blair a axé sa campagne sur les performances économiques appréciables qui ont émergé sous le règne des travaillistes.