Un livre sur les coulisses de la Commission

Dans son livre de 300 pages, le relationniste de la commission Gomery, François Perreault, s'attarde entre autres sur l'attitude du procureur adjoint de la commission Neil Finkelstein pendant certains interrogatoires.

Un livre publié mardi lève un coin du voile sur les coulisses de la commission d'enquête Gomery sur le scandale des commandites.

Écrit par François Perreault, relationniste de la commission pendant ses travaux, le livre est préfacé par le juge Gomery lui-même.

L'auteur y décrit entre autres le rôle du procureur adjoint de la commission, Neil Filkelstein, qui a conduit l'interrogatoire tout en douceur du premier ministre d'alors, Paul Martin.

« Je sais [...] que tu as partagé un nombre considérable d'heures avec le premier ministre (Paul Martin), pour préparer son témoignage, lui avait dit le juge Gomery. Je m'attends donc à des questions pointues, loin de toute complaisance, allant droit aux faits, et qui ne permettent aucune échappée à la vérité ».

Or, malgré les sept heures d'entrevues menées par Me Finkelstein, « le match Finkelstein-Martin n'a pas eu lieu », signale l'auteur.

Jean Chrétien

François Perreault n'en revient pas non plus de ce que Me Finkelstein, qui avait insisté pour que le juge Gomery accorde un droit de réplique à Jean Chrétien, lui ait laissé entendre qu'il avait lu à l'avance ce que l'ancien premier ministre allait dire devant la commission.

« Pendant le témoignage de l'ex-premier ministre, fait inusité, Neil assista à un interrogatoire en chef qu'il ne dirigeait pas, écrit François Perreault. Il n'alla pas s'asseoir à la table des procureurs de la commission, préférant l'anonymat des arrières-bancs. Et lorsque Jean Chrétien quitta la salle d'audience, Neil s'élança vers lui pour lui serrer la main. Un geste de pure courtoisie, n'eût été de la circonstance », écrit François Perreault.

L'auteur poursuit en écrivant que lors d'une réunion des procureurs le lendemain, Me Finkelstein ne semblait pas « percevoir l'odieux de la scène ni les préoccupations de ses collègues ».

« Il (M. Finkelstein) a fait preuve d'angélisme en faisant valoir qu'il n'y a pas d'accusé ni de condamné devant la commission et qu'il avait voulu faire preuve de respect à l'égard d'un "ancien premier ministre qui s'était prêté à un jeu bien difficile". »

Toujours selon François Perreault, le juge Gomery aurait alors servi une mise en garde à Neil Finkelstein. « Je n'ai jamais exigé de mes procureurs qu'ils me fassent part de leurs questions, de leurs stratégies d'interrogatoire, et je ne le ferai pas plus aujourd'hui », aurait dit le juge.

Dans son livre de 300 pages, François Perreault évoque aussi les « jalousies de métiers et les luttes d'ambition qui ont affligé le cours des travaux et le climat de travail entre les ressources de Toronto et celles de Montréal ».

Il relate les efforts déployés par les procureurs pour avoir accès à des documents du gouvernement, et des documents les moins censurés possible.

Enfin, François Perreault attribue à la perspicacité et à la ténacité du juge Gomery le fait que la commission soit parvenue à remonter à la source politique du scandale des commandites.