Le Bloc joue la carte de la séduction

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, prononce son premier discours électoral à l'occasion d'une rencontre avec des jeunes issus des communautés culturelles, à Montréal.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a assisté dimanche, à Montréal, au lancement du projet « Québécois sans exception », qui vise à attirer les jeunes des minorités ethniques dans l'organisation du parti. Ce rassemblement lui a fourni l'occasion de prononcer son premier discours électoral.

Dans son allocution, le chef bloquiste a rapidement dénoncé la corruption au sein du Parti libéral du Canada, et n'a pas dit un mot sur ses adversaires conservateurs. La veille, le chef conservateur Stephen Harper a martelé que le Bloc québécois était un parti vide et impuissant.

Gilles Duceppe a plutôt invité les quelque 200 jeunes issus des communautés culturelles présents dans la salle à bâtir un pays. Il leur a donné un véritable cours accéléré sur la souveraineté, qu'il a décrite comme étant la capacité pour le Québec d'investir son argent où il le veut et d'avoir ses propres politiques.

Les souverainistes sont conscients du rattrapage qu'ils ont à faire auprès des communautés culturelles, notamment depuis la déclaration de Jacques Parizeau, le soir du référendum de 1995. À ce moment, l'ancien premier ministre péquiste avait déclaré que la défaite du OUI était attribuable à « l'argent et des votes ethniques ».

Plusieurs jeunes présents dans la salle se sont d'ailleurs présentés comme la première génération issue des communautés culturelles à être souverainiste. Ils admettent que la partie n'est pas encore gagnée avec leurs parents. Lors du premier référendum sur la souveraineté, en 1980, 90 % des allophones se disaient fédéralistes.

L'an dernier, le Bloc québécois a causé une certaine surprise en réussissant à faire élire le comédien d'origine africaine, Maka Kotto, dans la circonscription de Saint-Lambert.

Duceppe veut des élections rapidement

Par ailleurs, le chef du Bloc québécois s'est dit résigné à attendre jusqu'à jeudi pour tenter de faire tomber le gouvernement minoritaire libéral, lors du vote sur le budget. Il pense cependant que plus les élections seront déclenchées rapidement, mieux ce sera pour les finances publiques et pour l'image internationale du Canada.

M. Duceppe a en effet accusé le premier ministre Paul Martin de dépenser 1 milliard de dollars par jour. Le chef bloquiste faisait référence aux nombreuses ententes sur le déséquilibre fiscal et le programme de garderies conclues ces derniers jours avec les gouvernements de l'Ontario, de la Saskatchewan, de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse.

« Paul Martin a perdu son pari électoral de l'an dernier. Cette année, il va perdre son honneur aux prochaines élections », a affirmé M. Duceppe, ajoutant que les tactiques de la députation libérale discréditent également le pays dans le monde.