L'administration Bush semonce Paul Martin
Prenez note que cet article publié en 2005 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'ambassadeur américain au Canada, David Wilkins, déconseille au chef libéral de critiquer les États-Unis pour se faire du capital politique. Paul Martin rétorque que personne ne l'empêchera de défendre les intérêts du pays.
Dans un discours prononcé mardi devant le Canadian Club, à Ottawa, l'ambassadeur américain au Canada, David Wilkins, a servi une mise en garde au chef libéral, Paul Martin.
« Critiquer votre ami et principal partenaire commercial constamment » pour se faire du capital politique pendant une campagne électorale peut s'avérer « une pente glissante », a-t-il commenté. « Et nous espérons tous que cela n'aura pas un impact à long terme sur les relations entre les deux pays. »
M. Wilkins n'a pas explicitement nommé le chef libéral, mais l'allusion était très claire. Mercredi dernier, prenant la parole à la Conférence de l'ONU sur les changements climatiques, tenue à Montréal, Paul Martin a critiqué le refus des États-Unis d'adhérer au Protocole de Kyoto.
Lors d'un point de presse mardi, le chef libéral a rétorqué à l'ambassadeur que c'était le rôle du premier ministre canadien « de défendre les intérêts et les valeurs du Canada ».
« Que nos amis n'aiment pas ce qu'on dit, c'est la vie. Mais je vais vous dire quelque chose: moi, je vais défendre le Canada, a-t-il ajouté. J'ai raison sur le bois d'oeuvre, j'ai raison sur les changements climatiques. Que personne ne vienne me dire que je ne devrais pas défendre mon pays. »
Il s'est en outre défendu d'envenimer les relations canado-américaines, lui qui avait fait du réchauffement des relations entre les deux pays une priorité lorsqu'il est arrivé à la tête du Parti libéral.
« Si la seule manière d'avoir de bonnes relations avec les États-Unis, c'est de tout leur concéder, et c'est l'avis de M. Harper (le chef du Parti conservateur), je n'accepte pas cela du tout », a poursuivi le chef libéral.
Autre avertissement
Jeudi dernier, au cours d'une rencontre régulière à l'ambassade canadienne à Washington, le fondé de pouvoir du président Bush en matière d'environnement a réprimandé l'ambassadeur canadien Frank McKenna au sujet de propos tenus par Paul Martin devant les délégués à la Conférence sur les changements climatiques.
Dans son discours, M. Martin avait déploré que des nations « résistent » et « s'isolent de la communauté internationale » sur cet enjeu. « Il n'y a qu'une planète Terre et nous la partageons. Peu importe notre prospérité, nous ne pouvons fuir les conséquences de l'inaction », a-t-il dit.
En point de presse, par la suite, Paul Martin avait explicitement nommé les États-Unis en critiquant les pays qui n'avaient pas ratifié le protocole de Kyoto.
Vendredi, M. Martin avait déclaré que personne ne l'empêcherait de défendre les intérêts des Canadiens.