Des pratiques antisyndicales étalées au grand jour
Prenez note que cet article publié en 2005 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des journalistes de Zone libre constatent que la multinationale est prête à tout pour empêcher l'éclosion de syndicats dans ses magasins.
Pendant six mois, les journalistes Anne Panasuk et Luc Chartrand de Zone libre, épaulés par le réalisateur Jean-Luc Paquette, ont analysé les agissements de l'entreprise.
De Jonquière à Windsor, en passant par les États-Unis et le Bangladesh, leur enquête révèle que Wal-Mart est prête à tout pour empêcher l'éclosion de syndicats dans ses magasins.
Le cas de Jonquière
En avril 2005, le magasin Wal-Mart de Jonquière a fermé ses portes quelques mois après que les employés eurent obtenu leur accréditation syndicale.
L'entreprise prétendait un manque de rentabilité. Les employés, qui contestent la décision devant les tribunaux, soutiennent plutôt que la multinationale a agi ainsi pour contrer l'activité syndicale.
La journaliste Anne Panasuk a rencontré des agents de sécurité d'une firme privée, engagés par Wal-Mart à l'époque de l'annonce de la fermeture du magasin. Ils affirment qu'on leur a demandé d'effectuer des tâches ne correspondant pas à leur travail « normal ».
Les agents de sécurité devaient particulièrement surveiller le meneur du syndicat, Gaétan Plourde, et d'autres employés pro-syndicat. De plus, ils soutiennent que certaines caméras du magasin étaient braquées sur ces employés.
Pendant quelques mois, un autre jeune homme a été embauché exclusivement pour surveiller tous les faits et gestes de Gaétan Plourde. À l'annonce de la fermeture, ce faux employé a fini par s'effondrer et par tout avouer au leader syndical.
Le Code du travail du Québec interdit l'espionnage syndical.
Des pratiques illégales
Des procédés tout aussi discutables ont également été révélés dans d'autres succursales de la multinationale. À Windsor, dans le sud de l'Ontario, Wal-Mart aurait soutenu l'opposition au syndicat grâce à un envoyé spécial. Les employés hostiles au syndicat auraient bénéficié de son aide pour mettre en place des moyens d'action. Ils auraient également eu accès à un appui financier.
À Jacksonville, au Texas, le département de boucherie du magasin Wal-Mart a réussi à se syndiquer. Une semaine plus tard, l'entreprise annonçait qu'elle fermerait tous les départements de boucherie de ses magasins aux États-Unis.
L'entreprise vendrait désormais de la viande préemballée. Les employés, soutenant qu'il s'agissait d'une mesure antisyndicale, ont porté leur cause devant les tribunaux.
La Cour leur a donné raison. Wal-Mart a interjeté appel, et l'affaire n'est pas encore réglée.
Le reportage de Zone libre sera diffusé dans son intégralité vendredi à 21 h.