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AnalyseDe l’importance d’une bonne fin de saison pour le Canadien

Ils rient, heureux.

Jordan Harris et Cayden Primeau célèbrent la victoire.

Photo : The Canadian Press / Christinne Muschi

Il faisait bon vivre dans le vestiaire du Canadien jeudi soir. Il y a des signes qui ne mentent pas.

Soudainement, en pleine mêlée de presse avec les joueurs, s’est mise à résonner copieusement la chanson Live is life, du groupe autrichien Opus, et même si certains critiques auraient sûrement préféré la version de René Simard, ils pourront au moins se consoler avec ceci : la vie chantait pour le Canadien.

Était-ce ton choix?, demandera-t-on à Mike Matheson.

Non, pas d’inquiétudes, s'esclaffera-t-il.

Inquiet, personne ne semblait l’être après ce gain appréciable de 4-1 aux dépens des Flyers de Philadelphie. C'est que la victoire guérit bien des bobos quand même. Ici, Cayden Primeau rayonnant, toujours aussi bref devant les caméras, mais encore béat d’avoir entendu la foule scander son nom pour un deuxième match d’affilée au Centre Bell.

On ne s’en lasse pas, soufflera-t-il.

À l'autre bout du vestiaire, Juraj Slafkovsky en grande forme, comme il l’est d’ordinaire lorsque son équipe gagne, qui, d’un œil torve, s’amuse à dire aux journalistes qu’ils n’ont encore rien vu de ses prouesses.

Je ne fais que m’échauffer, blaguera-t-il, en référence à sa passe savante en avantage numérique pour préparer le 30e but de la saison de Nick Suzuki. Ce sera heureux si c’est effectivement le cas; Slafkovsky a obtenu un point dans un neuvième match d’affilée et ressemble de plus en plus à une force de la nature sur une patinoire de la LNH.

Toute cette mansuétude essentiellement parce que le Canadien vient de remporter trois matchs consécutifs pour la première fois de la saison et, comme chacun sait, mais que Suzuki a cru bon de souligner, c’est pas mal plus le fun quand tu gagnes.

On s’amuse, on s’amuse, mais qui sait s’il ne restera pas quelque chose de cette petite lancée, car elle est encore timide, ne nous y trompons pas. Si le Canadien devait conclure la saison sur une bonne note, y aura-t-il quelque chose à en tirer lorsque la prochaine campagne se mettra en branle?

Au mot en p que l’état-major du Canadien n’a jamais voulu prononcer en début d’année (p comme dans playoffs, ou séries éliminatoires en français), s’en est substitué un autre : progression.

La progression individuelle est manifeste. Celle de Slafkovsky crève les yeux. Primeau ne donne pas sa place non plus. On pourrait ajouter à cette liste les noms de Samuel Montembeault, Jayden Struble, Joshua Roy, Nick Suzuki, Kaiden Guhle et d’autres encore.

Or, la progression collective, non pas l’unique résultat, mais le jeu d’ensemble, la qualité de la résistance offerte aux plus coriaces, l’intégration de la structure : tout ça n’a pas souvent été visible.

Et c’est encore loin d’être parfait.

Contre les Flyers, les hommes de St-Louis ont été complètement débordés en troisième période par la poussée tardive des rivaux qui luttent toujours pour obtenir une place en séries. Primeau, première étoile de la rencontre, a sauvé les meubles à quelques reprises. Il y a de ces fois où le tourbillon créé par l’adversaire dans le territoire du Canadien semble avaler les joueurs qui le défendent.

Mais c’est mieux. Et le Canadien trouve tout récemment le moyen de gagner. Même s’il se fait tard, il y a une valeur à ces victoires.

L’exemple des Canucks

Martin St-Louis n’avait pas envie de se projeter dans l’avenir; ses joueurs, eux, l’ont fait.

On tente de construire quelque chose ici. Chaque match, on s’améliore, on va continuer de le faire jusqu’à la fin de l’année. On va revenir avec le même groupe l’an prochain. Si tu finis bien, ça se transporte au camp d’entraînement. Il y a des choses déjà assimilées comme les systèmes de jeu et on aura de l’avance, a lancé David Savard.

On ne veut pas se laisser aller pour finir la saison et attendre de rentrer à la maison. Quand tu gagnes et que tu as du succès, ça injecte de l’énergie et enflamme la passion. Il y a des équipes qui vont perdre plein de matchs en fin d’année et qui sont juste prêtes à plier bagage. On ne veut pas être de celles-là.

Une citation de Nick Suzuki

Des mots justes de la part d’un capitaine.

C’est aussi une question d’attitude, a insisté Mike Matheson. Une équipe ne peut pas appuyer sur un interrupteur pour se rendre compétitive lorsque la direction juge qu’elle est désormais assez forte sur papier pour rivaliser avec les meilleures. Ça se bâtit pierre par pierre, patiemment. Et ça commence même quand tout est perdu, a dit le défenseur.

Tu ne peux pas décider quand tu vas te mettre à [jouer de la bonne façon] et quand tu ne vas pas le faire. Ça doit être une culture que tu es engagé à respecter à chaque match, que ce soit le premier ou le dernier de la saison, a-t-il laissé tomber.

Une bonne fin de saison ne garantit rien pour l’année suivante, vrai, les exemples sont nombreux, pensons aux Sénateurs d’Ottawa qui, généralement, finissent en trombe et démarrent la campagne suivante en donnant l’impression de sauter à cloche-pied dans une toile de jute.

Un laisser-aller, par contre, n’est pas de bon augure.

Lors du passage de Radio-Canada à Vancouver la semaine dernière, les joueurs des Canucks ont martelé un point bien précis pour expliquer le spectaculaire revirement de situation réussi par leur groupe cette année. L’arrivée de l’entraîneur-chef Rick Tocchet et l’implantation d’un climat de travail exigeant et juste, ce sont les joueurs qui le disaient, ont fait naître dès la fin de saison dernière les bases de leur succès actuel.

Ils sourient sur la glace.

Brock Boeser célèbre son but avec Elias Pettersson (40) et J.T. Miller.

Photo : La Presse canadienne / JONATHAN HAYWARD

Il nous a rendus responsables de nos actions. Il a créé un standard ici. Avant de partir l’été dernier, il a parlé à tout le monde pour leur dire qu’ils devaient travailler plus fort. Entre nous, on s’est parlé d’arriver plus tôt que d’habitude à Vancouver et tout le monde était ici deux semaines avant le début du camp d’entraînement. Ça a contribué à établir le standard. Il nous pousse à devenir meilleurs, il attend beaucoup de nous. C’est son genre de leadership, avait expliqué Brock Boeser.

On a toujours pensé qu’on était une bonne équipe à cette époque, on n’avait juste pas de résultats. Je n’étais pas vraiment inquiet […] Le message de la direction était : "Soyez patients et on verra où ça va aller", avait ajouté J.T. Miller.

Au rayon des similitudes entre les Canucks et le Canadien : la patience prônée par les dirigeants. Rappelons que ces deux clubs ont congédié à peu près tout leur personnel des opérations hockey à une semaine d’intervalle à l’automne 2021. À l’époque, leurs destins se croisaient.

Pour les dissemblances, le style de l’entraîneur. Tocchet dirige d’une main de fer, ce qui n’est pas typique de la maison St-Louis, quoique ça évoluera probablement avec le temps, comme le soulignait le bien-aimé collègue.

Il y a les joueurs aussi. Les Canucks possédaient une colonne vertébrale constituée d’un premier centre appartenant à l’élite de sa profession (Elias Pettersson), un défenseur du même acabit (Quinn Hughes), tout comme un gardien (Thatcher Demko) pas piqué des vers.

N’empêche que les joueurs des Canucks dégageaient cette intime conviction que le redressement avait commencé bien avant le début de cette saison.

Les joueurs du CH croient à cette théorie. Et si le Tricolore réussit à transformer cette lente agonie en conclusion dynamique, il se donnera les moyens de la vérifier.

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